• A mon étrangere

    A une passante

    La rue assourdissante autour de moi hurlait.

    Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,

    Une femme passa, d'une main fastueuse

    Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

    Agile et noble, avec sa jambe de statue.

    Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,

    Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,

    La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

    Un éclair... puis la nuit ! Fugitive beauté

    Dont le regard m'a fait soudainement renaître,

    Ne te verrai je plus que dans l'éternité ?

    Ailleurs, bien loin d'ici ! Trop tard ! Jamais peut-être!

    Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

    Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

    Charles Baudelaire


  • Commentaires

    1
    Vendredi 27 Janvier 2017 à 21:27

    Magnifique........

    week end

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :